La Fertire
Apparues en Savoie au cours du 18ème siècle, les fruitières étaient très présentes en Franche-Comté ainsi qu’en Suisse, dans le canton de Fribourg, à Gruyère. A Scientrier, comme dans toutes les communes du département, il y avait une fruitière construite probablement au début du siècle.Le bâtiment était constitué de caves voutées au sous-sol servant principalement à l’affinage des fromages, d’une pièce où se trouvait le pèse-lait au rez-de-chaussée. La fabrication se faisait quant à elle dans une grande pièce annexe où étaient entreposées trois grandes cuves en cuivre ainsi que les presses et le générateur de vapeur. Le premier étage servait d’appartement pour le gérant. A proximité de la fruitière, deux porcheries permettaient l’élevage des cochons grâce, notamment, au petit lait.
En dehors de l’aspect économique, la fruitière avait un rôle important. On y apportait le lait deux fois par jour dans des “boilles” ; c’était le rendez-vous privilégié de bon nombre d’habitants de la commune pour apprendre “les nouvelles” ; on y “trainait” attendant l’arrivée des uns et des autres avant de rentrer achever sa journée de travail ; les jeunes filles aussi, pour d’autres raisons, portaient le lait et échappaient pour un temps à la tutelle familiale. Bien souvent, également, le seul téléphone de la commune se trouvait à la fruitière.
“La société fruitière” était composée d’un Conseil d’Administration avec à sa tête un président, un secrétaire, un trésorier ainsi que des membres. La gestion n’était pas toujours facile, loin s’en faut. Il y avait les retenues sur le prix du litre de lait afin d’assurer l’entretien des installations.
Chaque année, la fruitière était à vendre, c’est-à-dire qu’il fallait négocier avec le fruitier le prix du lait pour l’année à venir ce qui engendrait parfois des tiraillements. Bien souvent, on attendait que les fruitières voisines soient vendues pour avoir un cours au plus juste.
Le fruitier avait un rôle capital car c’est lui qui faisait la réputation de la fruitière. Il devait en outre être présent tous les jours de l’année. Levé très tôt le matin, sa journée s’achevait souvent très tard le soir.
Les derniers fruitiers de Scientrier furent Joseph LAMOUILLE qui exerça de 1943 à 1975, puis son fils Georges de 1976 à 1986.
Avec la fin de la fruitière, c’est un peu de notre patrimoine qui a disparu.
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Source SCIENTRIER - Bulletin Municipal - avril 1998